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Flash infos
Publié le – Mis à jour le
Profitant d'un printemps pour le moins humide, les végétaux ont poussé gaiement. Bien que les tontes et les tailles soient indispensables, la Ville laisse aussi la nature s'exprimer et veille à la contrôler de manière douce et raisonnée.
Pourquoi cette zone est-elle laissée en friche ? Comment se fait-il que ce terrain ne soit plus entretenu comme avant ?
Ces deux questions sont régulièrement posées aux employés municipaux dédiés à l'entretien des espaces verts. Cette année, des pratiques professionnelles différentes sont adoptées pour le bien de la planète. Les riverains sont souvent contents de moins entendre le bruit intempestif des tondeuses mais les réclamations sont cependant fréquentes. La pédagogie s'impose alors pour partager cette culture commune.
L'engagement de la collectivité et les efforts déployés par ses agents n'ont en effet de sens que si ces nouveaux standards sont partagés.
La gestion différenciée est généralisée dans toute la ville. Elle repose sur un principe simple : adapter l'entretien de chaque espace en tenant compte de son usage et de sa fonction. Un même site peut alors bénéficier de différents types d'entretien selon ses aménagements. Sur l'espace Constance Pascal, allée Docteur Bonnafé par exemple, quatre zones distinctes sont ainsi définies. La prairie fleurie ne demande évidemment pas autant de soin que les abords des bancs et des tables qui doivent être accessibles aux promeneurs et donc tondus. Les herbes hautes ne sont donc nullement le reflet d'un quelconque abandon mais témoignent au contraire d'une attention accrue aux espaces de nature.
L'éco-pâturage, une alternative pas bête !
Des compagnons à quatre pattes sont de précieux alliés pour le fauchage et le débroussaillage. Deux vaches Highland paissent paisiblement en bord de Seine, Chemin de Halage. Sept brebis et cinq agneaux occupent la prairie Valentine Allorge, en haut du bois de la Garenne, tandis que trois chèvres et un bouc logent aux serres municipales. Ce sympathique cheptel pratique l'éco-pâturage. L'appétit des animaux garantit l'entretien naturel des parcelles confiées et leurs déjections enrichissent même le sol, créant un engrais bénéfique pour les micro-organismes.
La biodiversité est une priorité. Nos espaces verts doivent être véritablement propices au développement d'une vie végétale et animale riche. Il convient pour cela d'adopter des comportements différents, souligne Eve Cognetta, adjointe en charge du développement durable.
Les jardiniers municipaux sont à la fois les principaux acteurs et les premiers observateurs de ce changement. Ils ont tous bénéficié d'une formation pour appréhender les enjeux de la gestion différenciée qui induit des pratiques professionnelles différentes. Si le rythme des tailles et tontes s'avère moins fréquent, l'activité n'en est pas moins soutenue. Le temps de travail est employé différemment, car un entretien plus doux demande souvent une durée plus conséquente. C'est par exemple le cas d'un désherbage manuel comparativement à une intervention mécanique. La réorganisation permet de gérer au mieux les espaces verts dont la surface tend à augmenter avec les divers projets de renaturation.
Tous les espaces verts de la ville ont été étudiés de près et un zonage fixe aujourd'hui les interventions de l'homme. Certains secteurs sont ainsi tondus tous les 15 jours en moyenne à une hauteur de coupe de 5 cm, tandis que d'autres ne sont entretenus qu'une fois par mois à une hauteur de 9 cm. Bientôt, des panneaux pédagogiques seront installés sur ces différents espaces pour mieux comprendre les enjeux. En effet, le rythme d'entretien et la longueur du brin d'herbe laissé après le passage de la lame sont éminemment importants.
Il n'y a pas de vie dans une pelouse de moins de 5 cm. On constate un réel effondrement de la biodiversité, dont l'humain fait lui-même partie, et cette hécatombe silencieuse a des répercussions. Il est primordial de laisser plus de place aux plantes, afin de multiplier les habitats pour l'entomofaune, c'est-à-dire les insectes. Ceux-ci assureront la pollinisation et nourriront de nombreux animaux, explique Jézabel Saumur, cheffe du service Environnement et espaces publics.
Des zones d'herbes hautes présentent par ailleurs un intérêt face au réchauffement climatique. Le phénomène d'évapotranspiration favorise en effet le rafaîchissement de l'atmosphère. Moins d'interventions humaines, c'est aussi moins de nuisances sonores et moins de pollution causées par l'utilisation des outils, indique Pierre-Arnaud Prieur, conseiller municipal délégué à la biodiversité.
En cette matinée, une agréable odeur de gazon envahit l'espace Marcel Lods. La tondeuse autoportée des services techniques municipaux est à l'œuvre. Les pourtours des pelouses sont bien coupés et des cheminements piétonniers sont dessinés parmi les herbes hautes. Celles ci ne seront pas fauchées aujourd'hui et continueront à s'épanouir librement. Elles cachent de véritables trésors, comme le confirme l'œil averti de Xavier Leblond, chef d'équipe espaces verts à la Ville. En quelques pas, cet amoureux de la nature dresse un bel inventaire :
Il y a principalement des graminées et je vois du trèfle rouge et blanc, du plantain, du sédum acre, du compagnon blanc, de l'achillée millefeuille, de la carotte sauvage, du lotier, du coquelicot, du liseron des champs… Si cette flore locale revient sur le terrain, c'est bien grâce à la gestion différenciée. Des variétés refont surface, d'autres étaient là, comme l'orchidée pyramidale qui ne pouvait pas fleurir à cause des tontes répétées. Aujourd'hui, on respecte davantage le cycle naturel des végétaux.
L'entretien des gazons, des massifs, des haies et des cheminements, ainsi que le fleurissement et le nettoyage des espaces verts sont revisités. Une nouvelle feuille de route est établie pour les équipes. L'adaptation reste toutefois constante pour répondre à la réalité du terrain. Une zone récréative, telle une pelouse fréquemment utilisée par des enfants pour une partie de foot, pourra ainsi être fauchée même si cela n'était pas initialement prévu. La météo influe également sur le calendrier prévisionnel. Une année ne fait pas l'autre et la croissance des végétaux dépend beaucoup des conditions climatiques. Ce printemps 2024 a notamment été synonyme d'une pousse très active.
On constate déjà une évolution de la biodiversité. Plus tard, il sera intéressant d'établir un inventaire faune-flore pour mesurer l'impact de cet engagement. Il convient pour l'heure d'informer et de sensibiliser. Les mentalités doivent évoluer pour accepter et comprendre ce nouveau mode de gestion, conclut Eve Cognetta.
À la rentrée, un événement organisé par la Ville sera un bon vecteur auprès du grand public et d'élèves sottevillais. Du 13 au 28 septembre, la Quinzaine du jardin explorera la biodiversité en ville, l'occasion de mettre en lumière la gestion différenciée.
Adresse : Place de l'Hôtel de ville 76300 Sotteville-lès-Rouen