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Quelques jours avant le festival Viva Cité, une troupe éclectique enchaînait les prises aux abords des lycées Marcel Sembat. La prestation filmée avait de quoi susciter la curiosité des badauds, pouvant alors légitimement penser à la répétition d’une quelconque compagnie artistique. Mais il n’en est rien…
Un groupe mixte de lycéens voyait là l’aboutissement de son beau projet. « Depuis le début de l’année scolaire, nous menons des séances de travail pour créer un court-métrage. Nous avons écrit le scénario, imaginé les décors, pensé à tous les détails techniques et le tournage s’opère maintenant sur trois jours. On voit ainsi nos idées se concrétiser », expliquait entre deux scènes Opalyne Lattelais, élève de terminale. « C’est une expérience très enrichissante et chaque participant a pu apporter son point de vue. Nous avons choisi d’aborder le masculinisme. Une adolescente de 18 ans se sent opprimée chez elle, confrontée à son père qui lui donne beaucoup de restrictions, tandis que son frère plus jeune bénéficie de bien plus de libertés. Elle n’est pas à l’aise face à ces inégalités. »
Donnant la réplique aux amateurs, des comédiens professionnels jouaient les parents. Élodie Delavigne incarne une mère discrète, qui n’ose s’opposer à son conjoint, une figure paternelle dominante. « Je suis ravie d’avoir été sollicitée car les jeunes sont très engagés et il règne un état d’esprit constructif. Tout en respectant les consignes, ils sont force de proposition et font preuve d’un vrai talent. »
Derrière la caméra, Isabelle Lemetais de l’association Le Safran Collectif (mise en scène) et Cathy Azelie (tournage/montage) étaient aux premières loges pour constater elles aussi l’investissement et l’énergie positive de ce groupe soudé. Complétant l'équipe, une intervenante assure par ailleurs la voix off.
Jordan Watelet et Valérie Prioul, conseillers principaux d’éducation des lycées Marcel Sembat, n’étaient jamais loin de l’action. « Nous sommes les pilotes de ce projet mené dans le cadre du comité d'éducation à la santé et à la citoyenneté de notre établissement. Une priorité de cette instance est de travailler contre les stéréotypes de genre et les inégalités entre les femmes et les hommes », explique Valérie Prioul.
« C’est important de parler du masculinisme, un sujet qui se développe sur les réseaux sociaux et vise à influencer tout particulièrement la jeunesse. Il y a notamment pas mal de vidéos sur TikTok liées à ce mouvement qui s’oppose au féminisme et défend la domination masculine », ajoute son collègue Jordan Watelet.
L’appel aux volontaires a été lancé par le biais de l’espace numérique de travail et les CPE ont suivi toute la démarche, n’hésitant pas à s’impliquer personnellement. « Le tournage a eu lieu sur le parvis en extérieur et dans un appartement de fonction. J’ai prêté mes meubles et on a aidé au déménagement », rapporte Valérie Prioul.
Le court-métrage aura vocation à être diffusé le plus largement possible. Il a été imaginé dans le cadre du concours 2023/2024 Séquences Femmes (ex Regards de Femmes), un appel à scénarios auquel toute classe de lycée peut participer. Cette action d'éducation à l’image est portée par l'association Femmes et Cinéma en partenariat avec France Télévisions. « Notre établissement avait été primé en 2021 pour une vidéo sur les violences conjugales intitulée "Claques qui portent". Grâce à cette victoire, le tournage avait été pris en charge par l’association. Nous n’avons pas été lauréats pour cette seconde participation et le financement du tournage a donc été assuré par nos soins. Nous avons débloqué une enveloppe budgétaire mise à notre disposition par l’État pour des projets citoyens éducatifs essentiels à la cohésion sociale. Nous tenions absolument à aller au bout des choses et avions initialement prévu ce plan B. Rester sur un scénario sans lui donner vie aurait en effet été frustrant », reconnaît Valérie Prioul.
Grâce à ce soutien sans faille, Anaïs, Rayane, Adam et leurs camarades ont pu découvrir toutes les étapes de la création audiovisuelle dans des conditions optimales. Une expérience qu’ils ne sont pas prêts d’oublier et qui suscitera peut-être quelques vocations.
Après la signature en décembre 2023 de la Charte européenne pour l’égalité des femmes et des hommes dans la vie locale, la Ville de Sotteville-lès-Rouen mène actuellement une grande enquête auprès de ses habitants. Les réponses ne prennent que quelques minutes et contribueront à la définition d’un plan d’actions pour lutter contre les inégalités entre les sexes et officialiser les diverses initiatives engagées depuis des années par la collectivité.